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Mobilisation propalestinienne à Sciences Po : le gouvernement va saisir la justice

Le gouvernement va saisir la justice après la mobilisation propalestinienne dans les locaux de Sciences Po Paris, a annoncé, mercredi 13 mars, le premier ministre, Gabriel Attal, devant le conseil d’administration de l’établissement.
Mardi, une centaine d’étudiants ont occupé la principale salle, l’amphithéâtre Emile-Boutmy, dans le cadre d’une journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine. Le mouvement répondait à l’appel de la Coordination universitaire contre la colonisation en Palestine (CUCCP). Les manifestants appelaient notamment à une protection des étudiants propalestiniens sur le campus.
Gabriel Attal, lui-même ancien étudiant de la prestigieuse école, a demandé des « sanctions extrêmement fermes ». « Je pense que les Français s’interrogent très fortement et très profondément sur une forme de pente, de dérive, liée à une minorité agissante et dangereuse à Sciences Po », a-t-il également dénoncé, précisant qu’un « administrateur provisoire [allait] être nommé très prochainement (…) pour faire respecter toujours partout nos principes républicains ».
En conseil des ministres, Emmanuel Macron avait auparavant dénoncé les « propos inqualifiables et intolérables » rapportés la veille. Selon le chef de l’Etat, « l’autonomie » des universités ne justifie pas le « moindre début de séparatisme », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot.
Dans un courriel adressé à la communauté éducative de Sciences Po mardi soir, la direction s’est émue de cette occupation non autorisée. Elle explique qu’un cours magistral a dû être annulé et l’accès à la salle a été interdit à une étudiante. L’UEJF a affirmé que des jeunes appartenant à l’association ont été « pris à partie comme juifs et sionistes ».
Les étudiants mobilisés ont dénoncé dans un communiqué, par le biais du Comité Palestine Sciences Po Paris, « des accusations infondées d’antisémitisme de la part de l’extrême droite » et affirment ne tolérer aucuns propos racistes, islamophobes, antisémites, sexistes dans le cadre de leur lutte.
D’après les informations du Monde sur ce qu’il s’est passé le 12 mars dans l’amphithéâtre Emile-Boutmy, lors de l’action du Comité Palestine Sciences Po Paris, les versions se contredisent. La mobilisation surprise, à laquelle ont assisté une centaine d’étudiants, a été conduite à l’appel de Coordination universitaire contre la colonisation en Palestine, un réseau qui se présente comme constitué de chercheurs, d’enseignants-chercheurs, et d’étudiants engagés « pour mettre fin à la guerre génocidaire et à la colonisation en Palestine ».
D’après l’un des organisateurs, étudiant en master des droits humains et projets humanitaires à l’Ecole des affaires internationales, l’étudiante dont l’entrée a été empêchée dans l’amphithéâtre « entre quasi systématiquement dans des altercations et a tendance à sortir son téléphone pour filmer les visages ». Trois étudiants affirment ne pas avoir entendu les propos : « Ne la laissez pas rentrer, c’est une sioniste. » En revanche, précisent deux d’entre eux, une jeune femme a pris la parole dans les bancs de l’amphithéâtre pour « prévenir que l’UEJF était présente et qu’il fallait faire attention à ne pas être filmés ». Selon la présidente de la section de l’UEJF à Sciences Po, l’étudiante n’a pas été directement interpellée, mais est « ressortie car l’ambiance était trop pesante ».
La ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Sylvie Retailleau, s’était rendue dans les locaux parisiens dans la journée. « Nos établissements sont des lieux d’études et de débats. Le droit doit y être strictement respecté. Il est intolérable et choquant d’y subir la moindre discrimination, la moindre incitation à la haine », avait-elle écrit dans un tweet.
Nos établissements sont des lieux d’études et de débats. Le droit doit y être strictement respecté.Il est intolérable et choquant d’y subir la moindre discrimination, la moindre incitation à la haine.Je viens de me rendre à @sciencespo pour faire un point avec la direction.… pic.twitter.com/MZbM8g9HFp
La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a elle aussi condamné ce qu’il s’est passé, sur X. « La direction de Sciences Po doit réagir fermement face à ces incidents qui se multiplient. La cause palestinienne mérite mieux que ces saillies antisémites dignes des pires heures de l’histoire de France », écrit-elle. Toujours sur X, le député de La France insoumise (LFI) Aymeric Caron a de son côté félicité les étudiants mobilisés contre le génocide à Gaza, tout comme la candidate de LFI aux élections européennes Rima Hassan.
La direction de Sciences Po a annoncé la saisie de la section disciplinaire compétente contre les personnes à l’origine de « ces agissements intolérables ». « Le conflit en cours depuis le 7 octobre [2023] entre Israël et le Hamas nous affecte, poursuit le courriel, il a des répercussions au sein de Sciences Po, parmi les étudiants, les enseignants et les salariés… Sciences Po est un lieu qui doit préserver et soutenir l’ensemble des membres de ses communautés, et continuera de proposer des initiatives qui prennent en compte l’expression de ces souffrances, ainsi que la compréhension de cette crise. »
La réaction de l’administration survient dans un contexte agité, alors que le président de Sciences Po Paris, Mathias Vicherat, a annoncé sa démission mercredi 13 mars au matin, après avoir appris son renvoi et celui de son ex-compagne devant le tribunal correctionnel pour des faits de violences conjugales. Un administrateur provisoire doit être nommé dans les prochains jours.

Le Monde avec AFP
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